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Sur l'artiste

 

Antoine Paquin vit et travaille à Montréal Qc. Après avoir gradué de l'Université d'Ottawa en Arts Visuels avec mineure en Littérature française en 2013, il est engagé chez Kama Pigments où il travaille pendant six ans comme chef d'atelier à la conception et fabrication de matériaux d'artistes. En 2016 il retourne aux études pour obtenir une maîtrise en philosophie de l'Université de Montréal en 2022. 

About the artist

 

Antoine Paquin lives and works in Montreal Qc. After graduating from the University of Ottawa in Visual Arts with minor in French literature in 2013, he was hired at Kama Pigments where he worked as chief of production shop for conception and making of artists' supplies. In 2016 up to 2022 he went back to university to complete a master of Philosophy at University of Montreal.

À propos de mes oeuvres

Mes œuvres trouvent leur origine dans des réflexions philosophiques où la notion d'identité joue un rôle important. Je m'intéresse à la notion d'identité au sens psychologique, celle qui tente de répondre aux questions « qui ou que suis-je? » et « comment suis-je ce que je suis? », ainsi qu'au sens ontologique, c'est-à-dire fondamental de cette notion, celle qui nous invite à chercher les caractéristiques permanentes et essentielles de toute chose. Mes tableaux sont donc à la fois une étape et un achèvement dans le processus réflexif. Si le concept philosophique, empreint de doute et de remise en question constante, motive le sujet de mes œuvres, ma technique picturale se fonde sur un intérêt particulier pour les connaissances techniques et historiques du médium, en particulier la peinture à l'huile. Cette soif de savoir et de maîtrise m'a amené à utiliser des matériaux de qualité et à développer une technique riche et complexe inspirée de la tradition classique. De plus, les pratiques contemporaines ayant brouillé les frontières entre fond et forme, je considère que ma méthode créative apporte une couche de signification à l'œuvre où chaque décision (délibérée ou non), chaque étape (conceptuelle ou technique), de la recherche d'image source à l'intervention du scalpel en passant par le dessin de base par mise au carreau, apporte à l'œuvre matière à penser. 

 

Hétérautoportraits:

La série Hétérautoportraits illustre ma réflexion sur l'identité individuelle à travers des autoportraits entremêlés de portraits de mes proches ou de figures influentes dans mon parcours artistique. Le néologisme du titre place le suffixe hétéro (du grec héteros, signifiant « autre ») devant le mot autoportrait, donnant encore une fois raison à Rimbaud et sa célèbre formule « Je est un autre ». Ainsi, les œuvres de cette série nous invitent à songer à tous ces « autres » qui participent immanquablement à la construction de l'édifice qu'est ce « Je ». Pour exprimer la primauté de l'autre dans cette édification, j'ai demandé aux sujets de mes portraits une image d'eux-mêmes qui leur est chère et qu'ils accepteraient que j'utilise comme référence. J’ai ensuite tenté d'imiter leur pose et leur expression afin de capter une seconde image de référence. Deux portraits sont peints sur deux différents types de toiles, puis les portraits sont découpés en bandes. Dans les premiers tableaux de cette série, les bandes de toile sont intercalées sur deux cadres. Or, pour les tableaux suivants, la démarche prescrivait plutôt d’unir les deux portraits en un seul tableau où les bandes sont entrelacées. Cette présentation exprime en effet mieux l'idée selon laquelle l'identité est à la fois une et multiple, une mosaïque où une case n'est visible que si une autre ne l'est pas. Les derniers tableaux de la série prennent pour sujet des artistes influents. La référence est donc tirée d'un autoportrait pour mettre en lumière le fait que le choix de l’image source est dans les mains de l’autre. En prenant ces autoportraits comme références, j'ajoute à ma méthode une mise en abîme: mon autoportrait s'inscrit, tout en fusionnant, dans celui de l'autre. 

 

Dans l'Abîme:

 

Le titre Dans l'Abîme réfère à la fois à l'aspect abîmé, démembré, mutilé des statues anciennes qui sont représentées dans cette série, et à la double mise en abîme opérée par ces tableaux: celle des médiums mis en relation et celle du procédé pictural utilisé. Dans le sujet comme dans la mise en forme des tableaux, la photographie, la peinture et la sculpture sont mises en rapport ou mises en abîme entre-elles. La facture lisse et réaliste de l'image rappelle l'image photographique utilisée comme modèle pour l'image peinte, puis les incisions dans la toile viennent briser l'unité et l'illusion de la surface peinte, amenant le spectateur à considérer le tableau non plus comme une simple image, mais aussi comme un objet dont la spacialité révèle le côté sculptural. La sculpture servant elle-même de modèle à la photographie elle-même modèle du tableau, la mise en abîme devient circulaire. Le motif quadrillé que les incisions forment ramène à l'avant-plan la structure sous-jacente du processus pictural utilisé pour imiter la facture photographique: la mise au carreau. Ainsi la dernière étape de création se fonde sur la première créant une nouvelle circularité. Ainsi, la toile montée comme support et comme objet en soi est à la fois mutilée et organisée par les incisions qui font écho aux statues représentées, belles et organisées malgré leur aspect abîmé. Ce jeu entre le fond et la forme, entre l'image et le médium, la multiplication des couches de sens opérée dans le processus liant ces deux aspects de l'œuvre, et les retours circulaires entre les étapes du processus, visent à mettre au jour un questionnement sur l'identité, toujours mutilée et reconstruite, toujours à la fois prospective et rétrospective, toujours multiple dans un même objet. 

 

Déliénations: 

 

Déliénations est une série d'autoportraits où le visage se dérobe ou se masque. Si l'identité du modèle est bien celle de l'artiste (car c'est l'artiste qui le révèle en explicitant sa démarche) que reste-t-il dans l'oeuvre pour s'en assurer alors que le visage n'est plus accessible? Les cheveux? Les vêtements? Le corps? Le style? Ces éléments changeants au gré du temps, des modes, de l'âge ne nous donnent-ils pas plutôt que la capture d'un instant, une photo souvenir d'un moment où rien n'est moins fixe que l'identité du modèle? Si l'identité du modèle se cache sous la peinture, la peinture elle-même se cache sous la facture hyperréalite des oeuvres qui ironiquement aurait pu nous révéler avec la plus grande précision les traits de celui qui pose. Ces silhouettes à la fois épurées et complexes donnent à réfléchir sur les masques qui nous constituent, ceux que nous portons comme ceux que nous cachons; ceux qui nous aliènent et ceux qui nous recentrent. 

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